Pour sa collection Automne Hiver 2023 – 2024, Imane Ayissi est dans une pure recherche de lignes, de formes, de volumes, de mouvements, de couleurs et de textures, sans oublier son engament écologique.

Une recherche de beau

Le point de départ de cette collection a été la découverte des œuvres du peintre Paul Chmaroff de la collection Thierry Schneider. Malgré sa méconnaissance sur le peintre, issu d’une culture russe, il a pu instantanément apprécier la beauté de cette peinture.

Sa réflexion est sur le fait que la recherche de la beauté enjambe les différences culturelles qu’elle est au contraire ce qui lie tous les membres de l’humanité.

Partout, dans le monde, le début d’une œuvre graphique est toujours un ensemble de lignes et de courbes, un trait et un cercle (Mguilguidigueu-Mteun en langue Ewondo du Cameroun). Tout créateur peut se reconnaître dans le travail d’un autre créateur.

Cette collection est donc, en écho à l’œuvre de Paul Chmaroff, avant tout une pure recherche de lignes, de formes, de volumes, de mouvements, de couleurs et de textures.

Le maillage est fait par l’équipe de Marcello Costa, une des plus créatives pour les Fashion-week dans le monde.

L’écologique et le beau

sont en train de se réconcilier…

La mode durable est désormais perçue comme compatible avec le style et l’esthétique selon l’étude IFM.

Convaincu que la mode peut-être un vecteur de changement écoresponsable, Imane Ayissi utilise dans ses réalisations, des matières naturelles ayant un faible impact sur l’environnement.

Précurseur, Imane Ayissi est le premier créateur à utiliser la fibre Ecobamboo, pendant le Fashion Week de Paris.

La culture du bambou existe en Chine depuis plus de 7 000 ans. ECOBAMBOO est une nouvelle fibre verte produite par le Jilin Chemical Fibre Group à partir de bambou de haute qualité, qui représente l’innovation de la culture du bambou au 21 ème siècle !

Pour cette collection, Imane a utilisé les meilleurs tissus de la fibre bambou. La production a obtenu le label de chemise vert foncé dans le rapport de Hot Button CANOPY 2022, les normes SA8000 et OEKO-Tex Standard 100, OEKO-STeP, avec la teinture végétale.

Les membres internationaux de Bamboo Union sont venus à Paris pour soutenir cet engagement écologique.

Rencontre exclusive

avec

Imane Ayissi

Pourquoi d’avoir osé être le premier créateur à utiliser ce nouveau type de matière première : la fibre Ecobamboo ?

Je suis assez audacieux. Si on attend toujours que ce soient les autres qui fassent les premiers tests, parfois, on peut aussi passer à côté de quelque chose.

Dans ce projet, ça me plaît bien d’être le premier à me jeter à l’eau. Cette nouvelle matière Ecobamboo est excellente. Donc il faut la travailler et la manipuler. Il faut voir ce qu’on peut faire pour pouvoir réaliser des créations.

Quand on voit la matière en elle-même, la fluidité et les couleurs, c’est très beau et agréable. C’est aussi intéressant au niveau du confort. C’est très doux au toucher. Cette matière me parle.

Cette matière vous parle ?

Bien sûr, quand je regarde le tissu, il y a des tissus qui me parlent comme ces crêpes et satins de bambou.

Je trouve que le tissu est très agréable et souple. Les tombés sont assez incroyables et permettent de faire de beaux drapés ou des robes légères avec beaucoup de volume.

Donc j’ai fait des recherches sur les mannequins Stockman pour voir déjà ce qu’on peut faire. Je regarde les volumes et les formes. Je les manipule un peu sur le Stockman, je les drape. L’inspiration ? Par exemple cette forme drapée : il y a un petit côté grec. Mais c’est surtout aussi de l’Afrique, la manière dont les dames africaines se drapent avec les étoffes. Il y a un côté graphique. Je trouve que c’est très élégant.

Pour vous, la mode durable est-elle importante ?

Le monde entier s’intéresse à la mode durable. Ça devient comme un devoir.

Pour moi, c’est important de m’appliquer aussi à cet exercice de pouvoir m’engager à ma manière et réaliser des modèles avec les tissus comme le bambou qui polluent beaucoup moins. Je crois que c’est important pour le monde d’aujourd’hui.

La créativité est un langage de paix ?

En tant que créateur de mode, on envoie des messages avec nos créations, donc les robes sont porteuses de messages.

J’ai fait des vers avec les robes pour envoyer les messages. Tout s’écrit dans les formes, les volumes, les références et les couleurs. C’est comme un peintre qui peint un tableau, il faut savoir le lire avec les yeux.

Il y a certaines robes, quand on les regarde, on peut comprendre la vision du créateur. On peut lire les détails de certains messages qui sont écrits « dans » la robe. Ou même au niveau de la manière que la robe est décrite. Il y a des choses à percevoir. C’est important pour moi. Les designers de mode parlent du monde d’aujourd’hui, ils peuvent avoir un rôle à jouer pour la paix.

Êtes-vous intéressé par la Chine ?

Je suis d’origine camerounaise, mais aujourd’hui, on est tous devenu citoyen du monde. La Chine est très impliquée en Afrique. Au Cameroun, il y en a beaucoup de Chinois. Donc c’est important que je m’intéresse à la Chine. J’ai travaillé avec des célébrités et certaines stars chinoises.

Le monde est lié. Il ne faut pas oublier que nous sommes tous liés. Il y a l’histoire, les voyages, les langues et aussi les traditions, un tas de choses qui nous lient. C’est important qu’on s’intéresse aux autres aujourd’hui. Tous les peuples sont appelés à fonctionner ensemble. Je m’intéresse donc aux autres cultures, et en particulier à cette culture chinoise que je trouve très riche.