Salon leader de l’amont de la filière mode créative mondiale, Première Vision Paris tire le bilan de sa dernière édition hybride qui s’est articulée entre un salon les 8, 9 & 10 février derniers à Paris Nord Villepinte et une Digital Week en ligne sur son site web du 7 au 11 février. Ce bilan peut se traduire par Première Vision, une reprise dynamique.
Cette édition à la fois physique et digitale a réussi le pari de fédérer les acteurs majeurs du marché autour des grands sujets qui animent la mode en cette période de reprise économique pour le secteur. Avec plus de 74 600 visiteurs, le niveau de fréquentation de l’événement, en hausse de 18% par rapport à septembre 2021 et à 60% internationale, vient témoigner du rôle central de Première Vision au sein de la filière mode créative.
Première Vision,
une reprise dynamique
Au menu de cette dernière édition, une offre sélective autour des derniers développements des 1 080 exposants dont 63 nouvelles entreprises issus de 41 pays, accessible au salon de Villepinte et en ligne sur la marketplace Première Vision. En complément de l’offre et des opportunités de rencontres et d’échanges entre acheteurs et fournisseurs, des forums et espaces d’inspirations mode sur le salon, ont accompagné les professionnels dans la construction de leurs collections printemps été 23.
Les résultats de cette édition ouvrent des perspectives positives pour le salon de juillet prochain qui, outre des nouveautés, aura l’objectif d’accueillir le retour des marchés du grand international (Asie/USA).
Une interview exclusive avec
Yvan DACQUAY,
le directeur de développement international
et Jade Wang,
Responsable Développement Commercial et Responsable de Première Vision Shenzhen.
Est-ce que la zone asiatique est impactée par la situation sanitaire ?
Pour nous, Première Vision Paris propose historiquement une offre surtout européenne. Les principaux pays qui exposent au salon sont l’Italie et la France, suivis de la Turquie dans le top 3.
C’est vrai que nous avons la chance d’avoir une offre exceptionnelle en termes de qualité et de diversité des produits. Il y avait plus de 1000 exposants sur le salon et nous sommes fiers d’avoir été l’un des seuls organisateurs à pouvoir maintenir un événement de cette taille-là.
C’est sûr qu’il manque une partie de l’offre, notamment chinoise, en raison de la fermeture totale des frontières. Ces contraintes impactent aussi d’autres pays asiatiques. Les Japonais connaissent de fortes restrictions avec notamment une stricte quarantaine de retour. Mais on a quand même une vingtaine d’exposants japonais et une quarantaine d’exposants coréens qui ont pu venir, notamment grâce à leurs agents de représentation européens.
Il y a des pays comme le Vietnam qui ont aussi été très impactés. Beaucoup d’Indiens aussi n’ont pas pu venir parce que la situation sanitaire se détériorait aussi là-bas entre début janvier et la mi-janvier.
Au final, sur cette édition, il y a bien des Japonais, des Coréens, et quelques Chinois qui ont soit trouvés un moyen de venir, soit qui ont pu être représentés par des agents, et au global, l’offre de Première Vision Paris reste l’une des plus riche et importante du secteur. Il faut aussi savoir que là, je parle de l’édition physique, mais en parallèle du salon à Villepinte, nous avons une Digital Week en ligne sur notre site et sur notre marketplace.
Ce salon digital est accessible sur inscription depuis partout dans le monde. Et parmi les 1080 exposants, 1000 sont à la fois présents au salon physique et sur l’événement digital, tandis que 80, principalement chinois, ont pu présenter leurs collections de matières en ligne, sur la marketplace Première Vision. Cette capacité à organiser un rendez-vous hybride complet est aussi une force pour Première Vision.
C’est grâce à tout ce dispositif et aux exposants que les visiteurs ont répondu présent. On est au final assez satisfaits cette 2e étape de reprise, en espérant que le monde puisse enfin se réunir en juillet.
Pourquoi avoir changé la date en juillet ?
C’était prévu depuis quelques années à la suite d’une enquête qui avait été réalisée par Première Vision avec l’IFM (Institut Français de la Mode).
Dans cette enquête menée auprès de marques et d’acheteurs, notamment les visiteurs de nos salons, mais aussi auprès des industriels, c’est-à-dire nos exposants, le choix d’avancer le calendrier a été adopté. La conclusion de l’enquête montrait qu’il correspondait au mieux aux évolutions de la filière en termes de développement des créations et des collections, comme de rythme d’achat des marques.
La décision était déjà prise et on devait déjà avancer le salon en juillet 2020. Mais tout a été stoppé et retardé à cause de la situation sanitaire. On est content d’avoir pu mettre cela en œuvre pour 2022.
Il faut expliquer et le rappeler à tous les exposants que les dates sont effectivement maintenant le 5, 6 et 7 juillet 2022. C’est un changement profond pour Première Vision. Ça va accélérer le rythme au sein même de notre organisation, mais aussi pour nos partenaires exposants qui vont avoir moins de temps pour préparer les collections, mais qui doivent aussi s’adapter aux nouveaux besoins du marché. Toutes les équipes doivent donc être mobilisées, mais globalement, ce changement est plutôt bien perçu.
Est-ce que tous les exposants peuvent comprendre ce changement ?
C’est évidemment un changement profond très important. Mais entre le 14 juillet et fin août, en termes d’activité, c’est toujours très calme, notamment en Europe, pour les exposants comme pour les marques. Il y a beaucoup d’entreprises qui sont fermées.
Et je pense que les exposants sont conscients que ce choix, d’avancer le calendrier émane d’une demande des visiteurs (les marques) qui seront là, car elles ont besoin de sourcer leurs matières plus en amont. Ainsi, les visiteurs viendront au salon avec plus d’idées à développer, plus de besoins, et les visites sur les stands devraient être plus efficaces parce que les marques seront au début de leurs processus de développement des collections.
C’est à nous de les convaincre et on sait qu’un tel changement n’est pas évident pour tout le monde, certains vont devoir s’adapter avec plus ou moins de difficultés, mais encore une fois, c’est un choix totalement justifié et assumé.
Est-ce que les exposants chinois ont pu venir ?
J’ai eu des retours sur cette question.J’ai pu interviewer quelques exposants chinois, et le problème pour eux n’est pas de venir ici et d’avoir 3 semaines de confinement au retour en Chine. Le problème le plus difficile, c’est d’obtenir un visa, car la demande de visa est très compliquée actuellement.
Ce sont des considérations purement pratiques. C’est la logistique de déplacement qui est compliquée. Je pense qu’avec une réponse intelligente, Première Vision Paris a su rester le premier salon du secteur. Sur le salon physique, l’offre est renouvelée chaque saison et nous travaillons pour mettre au mieux en avant les collections des exposants, notamment à travers le forum d’information sur les tendances.
Et toujours sur le salon physique, il y a la possibilité d’être représenté par des agents et des représentants. Par ailleurs, comme je le disais, il y a la marketplace de Première Vision qui permet de rester dans l’écosystème Première Vision de façon digitale. On a commencé bien avant la pandémie (elle a été lancée en 2018), mais on va bien évidemment continuer à renforcer notre offre et nos solutions digitales parce que, si elles ne remplacent pas l’offre physique, elles en sont un bon complément.
Pourquoi avoir développé Première Vision Shenzhen ?
L’objectif premier de Première Vision Shenzhen est de permettre aux exposants de Première Vision de Paris de rencontrer le marché chinois et d’atteindre leurs clients habituels ou de nouveaux partenaires chinois qui ne se déplacent pas forcément en Europe.
Première Vision Shenzhen fait partie maintenant de l’offre globale de Première Vision. On a effectivement la navire-amiral Première Vision Paris, et des salons spécialisés, que ce soit en termes de géographie comme New York et Shenzhen, ou de marchés comme le denim, et le Made in France.
Première Vision Shenzhen, comme tous les autres, bénéficie de l’expertise de Première Vision. Je veux parler de la sélection des exposants sur des critères de qualité, de créativité en termes de mode, et de fiabilité financière. Des critères qui sont aussi de plus en plus adaptés aux besoins du marché chinois.
De même, pour la communication, nous bénéficions de toute l’expérience de nos équipes en interne, complétée par les connaissances de l’équipe locale que nous avons en Chine. Toutes ces connaissances et cette expertise sont alors adaptées pour le marché très particulier qu’est le marché chinois.
Ce qu’on vise, c’est d’amener à Shenzhen des exposants des salons parisiens, mais aussi d’autres origines vers le marché chinois et particulièrement dans la région de Shenzhen où le développement est très important en termes de marques créatives de qualité et qui correspondent parfaitement aux valeurs de Première Vision.
Est-ce que les exposants de Première Vision Shenzhen peuvent venir à Première Vision Paris ?
En fait tous les exposants de Première Vision Paris peuvent participer directement à Première Vision Shenzhen qui est aussi un salon sélectif, comme tous les autres salons dans l’écosystème de Première Vision. On a notre propre expertise pour sélectionner les exposants de Première Vision Shenzhen.
Mais si un exposant de Première Vision Shenzhen veut participer à Première Vision Paris, il doit déposer une demande au comité de sélection de Première Vision Paris. Cette demande chinoise sera étudiée pour savoir si elle est capable de répondre au marché international, Première Vision Shenzhen étant, lui, conçu pour le marché local.
C’est aussi le cas pour Première Vision New York qui a des besoins régionaux propres. Le but n’est pas de faire un copié collé de Paris, c’est de prendre nos forces et notre expertise et de l’adapter aussi aux besoins des marchés, que ce soit à Shenzhen, à New York ou demain ailleurs. On se base sur la qualité de chaque salon et à son comité de sélection. Nous avons des experts locaux et nos experts internes qui réalisent une sélection adaptée à ces marchés.
Pour les exposants de Première Vision Shenzhen, cela permet de comprendre le fonctionnement de Première Vision, pourquoi on sélectionne les exposants par leurs qualités et leurs innovations.Cela leurs permet aussi d’accéder aux informations de Première Vision, parce qu’on partage l’information sur les tendances de la mode aux exposants chinois, tout comme aux exposants de Paris, par exemple : gammes de couleur, orientation matières, tendances saisonnières etc.
Que pensez-vous de la qualité du Made in China ?
L’amélioration de la qualité de fabrication s’accompagne du développement de meilleurs outils et aussi de la technique du personnel dans les ateliers. Évidemment, les Chinois, avec leur expérience, ont monté en qualité. Le coût du travail et l’énergie en Chine ont cru. Cela fait augmenter en gamme les produits chinois. C’est une évidence. Cependant, la compétitivité de la Chine a été remise en question par les acheteurs.
Quand ils vont être en mesure de revenir sur les salons internationaux, les Chinois devront faire preuve justement de beaucoup de qualités pour pouvoir récupérer les marchés internationaux qui ont dû avancer sans eux, pendant cette période de pandémie.
Sur plusieurs secteurs d’ailleurs, ce sont les entreprises chinoises qui sont les plus qualitatives et les plus performantes, même si cela dépend des secteurs. Il y en a où elles ont beaucoup d’expérience et elles sont leaders, d’autres moins. Les entreprises chinoises sont comme les françaises et italiennes, tout le monde est évalué par la même commission et selon les mêmes critères.
Comment Première Vision s’adapte à cette situation sanitaire?
C’est quand même très particulier. Les frontières sont fermées de façon durable. Et surtout, les quarantaines éventuelles sont compliquées à gérer. Pour un salon de 3 jours, les quarantaines de 2-3 semaines, c’est compliqué pour une entreprise de pouvoir le justifier. En plus, la situation sanitaire n’était pas idéale en janvier.
On espère qu’elle sera nettement meilleure en juillet. De notre côté, nous avons fait des efforts pour proposer aux exposants de venir avec des agents, des représentants européens, et de co-exposer avec des partenaires. On propose aussi de nouveaux formats sur des partages effectivement d’espace pour pouvoir être aussi mutualisé. Sur ces zones, ils peuvent partager leurs innovations et leurs développements.
On s’est adapté à cette situation sanitaire tellement spécifique. On a les bons outils, les bonnes plateformes dans chaque pays, mais cela dépend aussi de ce que chaque entreprise peut mettre en œuvre.
ersion chinoise :
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