L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a présenté, le 15 octobre 2023, à la presse son rapport intitulé « Jusqu’ici, l’économie résiste ».
Ce document dresse un panorama détaillé des perspectives économiques mondiales, européennes et françaises pour la période 2025-2026, dans un contexte d’incertitude politique et de tensions commerciales accrues.
Un ralentissement marqué de l’économie mondiale
Depuis 2022, la croissance mondiale s’essouffle sous l’effet conjugué du ralentissement post-pandémie et des hausses persistantes des prix de l’énergie.
L’année 2025 s’annonce particulièrement chahutée : la nouvelle escalade tarifaire initiée par Donald Trump a ravivé les tensions commerciales, générant une forte incertitude et pesant sur la demande intérieure.
Selon l’OFCE, cette politique protectionniste a accentué la volatilité des échanges internationaux au premier semestre 2025. La hausse des droits de douane devrait renchérir les prix et freiner la croissance américaine. Pour les autres économies, les effets resteront modérés tant qu’aucune mesure de rétorsion d’ampleur n’est mise en place, mais la dépendance à l’issue des négociations reste forte.
La zone euro face à des vents contraires
En Europe, la conjoncture demeure fragile. En France, en Allemagne et en Espagne, l’incertitude politique freine l’investissement et la consommation.
Au premier trimestre, la croissance de la zone euro s’est élevée à +0,6 %, un chiffre trompeur largement porté par l’Irlande (+7,5 %). Sans ce cas particulier, la croissance réelle n’aurait atteint que 0,3 %.
L’Allemagne reste engluée dans une stagnation prolongée depuis la pandémie, avec un recul du PIB de 0,3 % au deuxième trimestre 2025. L’Italie, malgré un PIB supérieur de 5,8 % à son niveau de 2019, voit sa dynamique s’essouffler. Seule l’Espagne continue d’afficher une croissance solide parmi les grandes économies de la zone euro.
Des économies émergentes plus résilientes
Les économies émergentes montrent davantage de résistance. La Chine, l’Inde et le Brésil enregistrent des performances correctes, tandis que le Mexique tire son épingle du jeu grâce à l’exclusion de certains produits couverts par l’AEUMC des nouveaux droits de douane américains, affichant ainsi une croissance annuelle de 1,2 % au deuxième trimestre 2025.
Une inflation en repli maîtrisé
L’OFCE constate une nette accalmie sur le front de l’inflation après les fortes tensions de 2022. Les indices des prix à la consommation convergent progressivement vers la cible de 2 % fixée par les banques centrales.
Début 2025, seule la zone euro avait toutefois réussi à atteindre pleinement cet objectif, tandis que d’autres économies développées restaient légèrement au-dessus.
La France : une croissance fragile, minée par l’incertitude
Dans un climat politique instable, la France devrait enregistrer une croissance modérée mais positive : +0,7 % en 2025 et +0,7 % en 2026.
Ce scénario, selon l’OFCE, repose sur l’adoption d’un budget 2026 conforme au Programme de Stabilité de Moyen Terme (PSMT). En cas d’échec ou de trajectoire budgétaire divergente, les prévisions seraient revues à la baisse, sous l’effet d’une incertitude accrue et d’un possible relèvement des taux d’intérêt.
Mathieu Plane, directeur adjoint du département Analyse et Prévision de l’OFCE, a ainsi résumé la situation lors de la présentation à la presse :

« La croissance française restera faible l’an prochain pour deux raisons principales.
D’abord, l’incertitude économique et politique continue de peser sur les comportements. Les ménages, malgré un niveau d’épargne élevé, restent prudents et limitent leurs dépenses. Les entreprises, quant à elles, adoptent une stratégie d’investissement plus mesurée, freinées par le manque de visibilité. Cette prudence généralisée agit comme un frein sur l’activité.
Ensuite, les efforts engagés pour redresser les comptes publics auront un effet restrictif sur la croissance. Moins de dépenses publiques signifie moins de soutien à l’économie, et d’éventuelles hausses d’impôts pourraient encore accentuer ce ralentissement. L’impact se fera sentir particulièrement en 2026.
Les fragilités de la France sont connues : un déficit public élevé et une instabilité politique persistante. Autrefois, la stabilité institutionnelle offrait un cadre rassurant pour les acteurs économiques. Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, cette confiance s’est érodée, et l’incertitude domine quant à l’orientation politique des prochaines années. Ces deux facteurs — budgétaire et politique — constituent aujourd’hui les principaux points de vulnérabilité du pays.
Cette instabilité rend difficile la mise en œuvre de politiques durables, notamment dans les domaines clés que sont l’innovation, la recherche, l’éducation, la santé ou la défense. Dans un monde en mutation rapide, il est pourtant essentiel d’avoir une vision à long terme et de prendre des décisions structurantes.
Malgré ces défis, la France conserve des atouts indéniables. Sa croissance, bien que modeste, lui permet d’éviter la récession, preuve d’une certaine résilience. Le pays demeure attractif pour les investisseurs et dispose d’un fort potentiel d’innovation. Mais le problème de fond reste entier : la France vit encore sur ses acquis sans préparer suffisamment l’avenir.
Le risque de décrochage est bien réel. En se concentrant sur ses débats politiques et budgétaires internes, la France prend le risque de manquer le virage des grandes transformations mondiales. Pendant que les États-Unis et la Chine investissent massivement dans l’intelligence artificielle, la réindustrialisation ou les technologies vertes, notre pays semble avancer à contretemps. L’impression domine que la France pourrait, une fois encore, prendre du retard dans ces domaines stratégiques. »
Les échanges entre la Chine et la France
Elliot Aurissergues, économiste spécialisé sur la Chine, a souligné également:

« À la fin de l’année 2025, on observe une légère hausse des importations chinoises en France. Cette évolution s’explique en partie par les effets de la guerre commerciale, qui a entraîné des phénomènes de déversement et de repositionnement des échanges vers les producteurs chinois déjà présents sur le marché français.
Il reste toutefois très difficile de formuler des prévisions précises, tant l’avenir dépend de l’évolution du conflit commercial entre la Chine et les États-Unis. La question centrale est de savoir si un accord pourra être trouvé ou si, au contraire, les tensions persisteront. Si les droits de douane restent à un niveau très élevé — autour de 100 % —, les échanges seront durablement affectés. En revanche, un tarif plus modéré, de l’ordre de 30 %, ne modifierait pas profondément la structure du commerce mondial.
En cas de rupture complète des échanges entre Washington et Pékin, les producteurs chinois chercheront à réorienter leurs exportations vers d’autres marchés, notamment européens, et donc potentiellement vers la France.
Du côté français, la situation demeure également incertaine. La France exporte principalement vers la Chine des produits aéronautiques — notamment via l’usine Airbus de Tianjin — ainsi que des biens de luxe et des cosmétiques. L’évolution de ces ventes dépendra largement des tendances de la consommation chinoise, un marché par nature volatil et sensible aux cycles économiques. »

Interview : Wendy
Rédaction : Hervé
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