Nous vivons aujourd’hui un moment clé de la révolution technologique pour le secteur du luxe. Le 15 septembre 2022, le Comité Colbert et Bain & Company ont présenté les résultats de leur étude : Luxe et technologie .
Cette étude s’appuie sur les données de 75 Maisons membres du Comité Colbert, des entretiens avec des dirigeants de Maisons, de consortiums et de partenaires technologiques et diverses recherches documentaires et expérience de Bain & Company.
L’industrie du luxe accélère son rythme d’adoption des nouvelles technologies, dont les bénéfices se manifestent en matière de fluidification de la relation client, d’excellence opérationnelle ou de réduction de l’empreinte carbone.
Si les Maisons adossées à un groupe ont une longueur d’avance sur leurs consœurs indépendantes, toutes sont en train de tester des technologies supplémentaires ou projettent de le faire dans les trois ans à venir.
Et, pour certaines technologies, le luxe est désormais pionnier. L’accélération de cette adoption passera par trois leviers essentiels : une révolution culturelle et organisationnelle au sein des Maisons, une mise en commun des forces et une ouverture aux avancées technologiques d’autres secteurs.
Luxe et technologie
Dans le secteur du luxe, une vague d’accélération s’amorce pour adopter des technologies nouvelles. Le niveau d’adoption est encore faible mais les barrières commencent à tomber.
Les freins historiques, comme l’incompatibilité avec l’ADN du luxe ou la qualité insuffisante de l’expérience technologique sont rarement cités, attestant de la transformation culturelle du secteur et des progrès qualitatifs des technologies analysées.
L’adoption s’accélère mais des disparités de rythme et d’ampleur demeurent. Les Maisons adossées à un groupe ont adopté en moyenne 2 fois plus de technologies que les Maisons indépendantes. Ce sont les technologies les plus récentes qui concentrent les déséquilibres.
En revanche, sur les technologies les plus mûres, les Maisons indépendantes ont rattrapé leur retard et affichent des taux d’adoption proches de ceux des Maisons adossées à un groupe.
Un intérêt croissant pour la technologie au service de 3 objectifs stratégiques majeurs : l’engagement client, l’excellence opérationnelle et le développement durable.
L’engagement client est le premier objectif visé par l’adoption d’une technologie. L’engagement client constitue, de loin, le premier centre d’intérêt du luxe en matière de nouvelles technologies.
L’essor du marché chinois puis la crise du Covid ont accéléré le déploiement de technologies personnalisant et enrichissant les expériences de vente à distance et d’immersion dans l’univers des marques (notamment imagerie 3D, réalités augmentée et virtuelle, intelligence artificielle).
Luxe et développement durable
Le développement durable est considéré comme 3ème objectif. De nombreux progrès ont été réalisés dans le secteur du luxe (réduction des emballages, exigences vis-à-vis des fournisseurs et des sous-traitants, procédés de fabrication, transparence sur la chaîne d’approvisionnement, normes des bâtiments…).
Les technologies permettraient aujourd’hui d’atteindre plus rapidement les objectifs d’engagement durable et peut-être d’en fixer de plus ambitieux.
Au-delà des technologies dont l’adoption est motivée par les préoccupations environnementales, la généralisation des technologies pour l’excellence opérationnelle et l’élargissement de leurs applications marqueront une accélération de l’éco-responsabilité du luxe.
Est-ce que le développement durable est important pour le luxe ?
Bénédicte Épinay
(Déléguée générale du Comité Colbert) :
Bien sûr, la première raison, c’est que les consommateurs le demandent. Les consommateurs sont vigilants sur tout ce qui touche au développement durable. La 2e raison, c’est que les actionnaires le demandent. Aujourd’hui vous avez des groupes qui ont publié aussi un rapport sur leurs engagements en termes de développement durable.
La 3e raison, c’est que le gouvernement le demande aussi. Je vois à Bruxelles de grandes négociations qui arrivent pour l’année prochaine et 8 sur 10 sont liées au développement durable. Ce sont les législations qui vont s’adapter au développement. Je pourrais presque ajouter une 4e raison, ce sont les collaborateurs dans les groupes qui le demandent et notamment la jeunesse. On va sortir au mois de novembre notre 2e rapport sur le développement durable.
Vous aurez une synthèse de tout ce que nos maisons font en termes de développement durable. On va le présenter en novembre à l’occasion de l’université de la terre qui se tient le 25 et le 26 novembre à l’Unesco. Nous allons expliquer ce que fait le luxe en termes de développement durable.
Informations:
https://www.bain.com
https://www.comitecolbert.com
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