L’éducation dans la mode durable est un sujet d’importance croissante. Les établissements d’enseignement intègrent de plus en plus les principes de durabilité dans leurs programmes et formations.
IFA Paris met l’accent sur l’importance de la durabilité dans l’industrie de la mode et encourage une approche holistique de l’enseignement. Les étudiants ont également la possibilité de choisir le Bachelor Fashion Sustainability, qui se concentre spécifiquement sur la mode éco-responsable.
Delphine Durieux,
responsable du programme Fashion Design,
a décrypté cette approche.
Comment avez-vous introduit la notion de mode durable dans votre enseignement ?
Dans notre enseignement, nous avons introduit la notion de mode durable de plusieurs manières. Tout d’abord, nous sensibilisons nos étudiants à une mode plus éthique et éco-responsable, que ce soit au niveau académique ou dans le cadre de projets industriels avec nos partenaires. Nous croyons fermement que de nos jours, il est essentiel de ne plus dissocier l’aspect éco-responsable de la mode, et nous nous efforçons de changer la vision des choses et d’éduquer les jeunes, qui sont les designers de demain.
Par exemple, nous avons mis en place des projets axés sur une mode éthique et éco-responsable, tels qu’une compétition dédiée à ces valeurs. De plus, nous encourageons activement l’utilisation de stocks de surplus de vêtements et incitons nos étudiants à privilégier la récupération et l’utilisation de coupons de fins de rouleau au lieu d’acheter quelque chose de neuf. Nous mettons également l’accent sur des projets d’upcycling créatifs, qui impliquent la déconstruction des vêtements et la réduction des déchets au niveau du patronage. Par exemple, nous travaillons sur des vêtements comme le kimono, qui génère peu de pertes de tissu. Ces initiatives nous permettent d’aborder des concepts de durabilité et de responsabilité environnementale de manière concrète avec nos étudiants.
Cette année, nous organisons un marathon de la mode éthique pendant deux jours dans le cadre des off des JO, les 8 et 9 juin. Les étudiants de l’IFA et de Mode Estah, vont devoir créer des tenues avec des stocks de surplus de vêtements de sport et des vêtements de seconde main issus de l’industrie du sport. Ils auront 42 heures pour travailler sur ce projet et créer un look qui sera présenter lors du défilé qui aura lieu le 9 juin dans un hôtel particulier , 34 avenue de New York.
Après plusieurs partenariats avec le bambou Union, pourriez-vous partager votre expérience avec les tissus en bambou ?
Le bambou est en effet similaire à la viscose et présente des similitudes avec le coton. Il est envisageable que le bambou puisse remplacer le coton à l’avenir, car la culture du coton nécessite une quantité significative d’eau et l’utilisation de pesticides, notamment dans le cas des cotons non biologiques. De plus, la culture du coton requiert une grande étendue de terres agricoles.
En revanche, le bambou, de par sa méthode de culture, est beaucoup plus responsable. Il pousse plus facilement, nécessite moins d’espace et consomme moins d’eau. De plus, le toucher des fibres de bambou est plus agréable. Les fibres de bambou ont une texture douce et soyeuse qui est appréciée pour sa sensation de confort sur la peau. Il est possible de mélanger les fibres de bambou avec des fibres de polyester, de lin, ou d’autres matériaux pour créer une variété de tissus. Cela confère au bambou de nombreux avantages par rapport au coton.
Qu’en pensez-vous des tissus du futur ?
Pour les tissus du futur, il existe de nombreux nouveaux tissus innovants. Cependant, en tant qu’école, nous n’avons pas un accès direct à toutes ces nouveautés. Dans nos cours de technologie textile, nous informons nos étudiants sur les dernières avancées et nous les invitons également à des salons tels que Première Vision et Texworld. Nous les emmenons également à un grand salon à Munich où ils peuvent découvrir les innovations, notamment dans le domaine du sport où il y a souvent plus d’innovations.
Je pense qu’il y a encore beaucoup de choses à faire. L’industrie de la mode possède un savoir-faire, mais pour une école et pour des étudiants, cela reste parfois limité.
J’ai l’impression que nous assistons à un retour vers des savoir-faire traditionnels et des tissus d’antan. Pendant un moment, nous étions davantage axés sur les fibres synthétiques. Mais maintenant, il semble y avoir un regain d’intérêt pour les fibres naturelles. En France, par exemple, le lin connaît un véritable engouement.
On observe un réel intérêt pour toutes ces matières naturelles qui avaient été un peu délaissées. Il y a donc un retour et une réutilisation des savoirs du passé, tout en intégrant de nouvelles technologies pour améliorer la qualité des tissus en termes de tissage, de finitions et de tombé. Ainsi, les tissus d’aujourd’hui sont non seulement plus agréables au toucher, mais aussi plus qualitatifs que par le passé. Il est intéressant de constater comment nous nous inspirons des techniques utilisées il y a très longtemps, en les combinant avec les avancées technologiques actuelles afin de créer des tissus performants et agréables.
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