Aline Putot-Toupry est artiste, designer, elle travaille notamment la porcelaine qu’elle sculpte. Sa sensibilité la porte vers une réflexion sur la nature et à ses recherches sur le dialogue entre le passé et le futur.
Les années de pratique artisanale lui ont appris la rigueur et les connaissances dans ces savoir-faire. Ses voyages nourrissent constamment son imaginaire artistique et lui permettent d’échanger avec des artistes et artisans qui pratiquent des savoir-faire traditionnels.
Elle nous a invités dans son univers pour découvrir ses créations.
Vous travaillez aussi avec le bois ?
Alors, je suis sculpteur ornemaniste à la base, spécialisé dans la sculpture sur bois. Je sculptais des boiseries et des sièges, en réalisant des copies de pièces du 18e siècle en bois. En tant que sculpteur, on apprend à créer ces modèles en terre. C’est à partir de là que je me suis tournée vers la porcelaine, car j’avais envie de développer la légèreté. Ceux sont mes techniques de sculpteur sur bois et d’ornemaniste qui m’ont conduite à la porcelaine.
J’aime associer les 2 matières que sont le bois et la porcelaine ; j’associe également la porcelaine avec la feuille d’or ou l’urushi. Mais pour l’instant, ceux sont des pièces exceptionnelles que j’ai créées pour des clients et je ne peux les montrer.
La porcelaine a besoin de des températures de cuisson plus élevées ?
Tout à fait,la porcelaine nécessite des températures de cuisson élevées, généralement autour de 1300°C. C’est une terre délicate à travailler, mais j’aime justement le défi de maîtriser cette matière. Même si on peut avoir des surprises et des différences dans le processus, cela demande rigueur et précision.
En tant qu’artiste, j’aime également utiliser le hasard et expérimenter avec des techniques non conventionnelles. Parfois, je choisis d’explorer des territoires artistiques qui sont considérés comme “interdits” ou “risqués” dans le travail de la porcelaine. Bien que cela puisse poser des problèmes, j’aime repousser les limites pour créer des œuvres originales et uniques.
En fait, je trouve qu’il y a une vraie intelligence dans les pièces d’art populaire. Ce qui est intéressant, c’est qu’on peut observer des ornements communs et des façons de faire similaires à travers de nombreux pays, même s’ils sont très éloignés les uns des autres. Cela montre qu’il existe une sorte d’intelligence internationale commune dans ces créations.
Comment maitrisez les feux ?
En effet, il y a une différence dans la solidité entre les techniques utilisées dans le passé et celles utilisées aujourd’hui pour la cuisson de la porcelaine. Au 18e siècle, atteindre une température de 1300°C pendant une durée suffisamment longue était un véritable défi et cela faisait partie de l’art du feu. Aujourd’hui, avec les progrès technologiques, il est plus facile d’atteindre ces températures élevées.
Avant, lorsqu’on utilisait des fours à bois, il était nécessaire de maîtriser l’art du feu et de travailler en collaboration avec un maître du feu pour obtenir les résultats souhaités. C’était un processus complexe qui demandait une grande expertise.
De nos jours, avec les fours modernes, nous avons moins de difficultés à atteindre des températures élevées et à contrôler la cuisson de la porcelaine. Cela facilite le processus de création, mais cela ne signifie pas que la maîtrise de l’art de la cuisson de la porcelaine n’est plus importante. C’est toujours un aspect essentiel du travail avec la porcelaine.
Effectivement, les grands fours utilisés pour la cuisson de la porcelaine étaient situés à flanc de colline. Les maîtres du feu connaissaient quel type de bois utilisé et à quel moment pour atteindre les températures adéquates. Ce type de four est appelé “four dragon” en raison du bruit intense qu’il produit et de la lueur rouge qu’il émet la nuit. C’est un spectacle impressionnant et magnifique.
En Chine, il existe encore des provinces où l’on utilise des fours dragons, c’est-à-dire des fours de ce type avec du bois. En France, il y a également des endroits, comme à La Borne, où l’on trouve plusieurs fours, dont certains sont des fours dragon. Cependant, les véritables fours dragon étaient énormes et tout le village participait à la cuisson en y plaçant ses pièces. Cette cuisson avait lieu seulement une fois par an, donc la personne qui maîtrisait le feu avait une grande responsabilité. Si la cuisson échouait, cela signifiait un échec pour l’ensemble du village, ce qui aurait été une véritable catastrophe.
La diversité est importante ?
En effet, la diversité dans les métiers d’art est fascinante. On peut voir cette diversité dans la fabrication des outils, la façon de faire des pinceaux, la manière de travailler et même la création d’outils en bambou, comme les couteaux pour couper l’or. Il y a aussi différentes techniques qui sont très vastes et cela rend les métiers d’art extrêmement riches et variés.
J’admire également cette diversité et cette richesse dans les métiers d’art. C’est passionnant de voir comment chaque artisan utilise ses propres techniques et outils pour créer des œuvres uniques.
Assistante de rédaction: Sally Cisse
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07 / 2023
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