Jean-François Zhou est un expert reconnu dans les échanges culturels et touristiques entre la France et la Chine. Il a passé plus de 20 ans à parcourir la France et a acquis une expertise approfondie dans ce domaine.
Pendant la période de confinement liée au Covid, il a profité de ce temps pour réfléchir à sa vie en France et a écrit des articles sur différents sujets. Récemment, il a publié un livre intitulé “Voyager, réfléchir et noter dans mon existence en France”, destiné aux lecteurs chinois intéressés par la France.
Jean-François Zhou occupe le poste de Secrétaire Général de l’Association Amitié Euro-chinoise. Son expertise et son expérience lui permettent de jouer un rôle clé dans la promotion de l’amitié et de la compréhension mutuelle entre les deux pays. Il a accordé une interview exclusive avec Airs de Paris
Vous avez écrit un livre pendant Covid sur vos expériences de vie et de travail en France. Quelle est la motivation d’un tel travail intellectuel ou culturel ?
Je vous dis sincèrement : sans ce Covid survenu qui a si perturbé nos activités que je suis resté à la maison pour me confiner, il n’y aurait jamais eu ce livre. Cette longue période de « vacances imposées » m’a permis de lire pas mal de livres et de réfléchir sur ma vie en France, ce que j’ai observé, vécu et comparé avec ma vie en Chine.
Je pensais que pour être un peu utile pendant cette période de chômage technique, il valait mieux que je me mette à écrire, comme le font beaucoup de Français. J’ai donc pu écrire certains articles sur des sujets tels que les grèves, les manifestations, l’immigration, la perception des amis français sur la guerre russo-ukrainienne, le « rêve français » réalisé par certains entrepreneurs français, des récits de voyages sur des régions comme la Normandie, le Mont Saint Michel, ainsi que des récits de voyage en Allemagne, en Suisse, aux Pays-Bas, en Albanie, au Maroc, au Kenya, à Cuba, etc.
J’ai également fait d’autres observations sur des phénomènes sociaux ou culturels, tels que l’avenir des Champs-Élysées où j’ai travaillé sans interruption pendant 23 ans, ainsi que des observations ou analyses de différents sujets, y compris le naturisme en France qui n’existe pas en Chine.
Ces articles, publiés périodiquement sur une plate-forme numérique sur WeChat, ont suscité certaines réactions et commentaires positifs. Finalement, j’ai rassemblé tous ces articles pour les mettre dans un livre intitulé « Voyager, réfléchir et noter dans mon existence en France », un livre destiné aux lecteurs chinois intéressés par la France.
J’aurais bien voulu écrire un article sur l’art de vivre à la française, mais je ne suis pas encore bien préparé pour le faire. J’espère que ce sera l’un des articles dans mon prochain livre, même son titre, si la reprise de nos activités me permet encore de le réaliser.
Vous êtes un expert des échanges culturels et touristiques entre la France et la Chine. Comment percevez-vous les différences culturelles entre la France et la Chine ?
La différence est évidente et importante, malgré des similitudes dans de nombreux domaines. Les Français accordent une grande valeur à la liberté individuelle et refusent généralement de sacrifier leurs droits ou leur liberté personnelle. Par exemple, ils ne sont pas enclins à accepter une surveillance généralisée par des caméras, comme cela peut être le cas en Chine.
En revanche, en Chine, les gens peuvent être disposés à céder une partie de leur vie privée pour assurer la sécurité collective. Ces exemples illustrent bien les différences entre les deux cultures.
L’image de la Chine a-t-elle été affectée par Covid ?
Énormément. Avant le Covid-19, la Chine était considérée comme un pays assez ouvert, avec une volonté manifeste de s’intégrer dans la communauté internationale. Cependant, la pandémie a brusquement mis un terme à tout cela.
Le contrôle strict et draconien imposé en Chine, sans beaucoup de considération pour la vie des habitants, a suscité un grand désarroi et désespoir, notamment parmi les expatriés français vivant à Shanghai. Cette situation a poussé la majorité d’entre eux à quitter la Chine dès qu’ils en avaient la possibilité pour revenir en France. Le traumatisme de cette expérience est encore très présent.
Les médias ont également joué un rôle très important dans la perception de la Chine. La plupart des Français ne connaissent la Chine que par le biais des médias, qui sont souvent imprégnés de politiquement correct.
Pour de nombreux journalistes, il est difficile de concevoir comment un pays autoritaire, dirigé par un parti unique et sans élections démocratiques, peut offrir une bonne qualité de vie.
Par conséquent, les aspects positifs de la Chine sont souvent omis intentionnellement, tandis que les médias se concentrent principalement sur les aspects négatifs.
On peut dire que la vision et le jugement de la Chine sont souvent teintés par des préjugés idéologiques, et la pandémie de Covid-19 a encore aggravé cette image négative en France et dans d’autres pays occidentaux.
Pensez-vous que la Chine doit améliorer son image ?
Impérativement. Et cela, de plusieurs façons. D’abord, il est essentiel d’adopter une communication qui évite le ton de la propagande. La façon de présenter les choses en Chine doit être différente à l’étranger. Ensuite, il est important de créer des conditions favorables aux contacts et aux échanges entre les deux pays.
La Chine a récemment annoncé l’exonération des visas pour les Français voyageant en Chine pendant moins de 15 jours, ce qui facilite les voyages et les rencontres entre les deux pays. Comme le dit le vieux proverbe chinois, “Il vaut mieux voir une fois que d’en entendre parler cent fois”.
Depuis plus de 20 ans, je travaille dans les échanges culturels et économiques entre les deux pays. Tous ceux qui ont voyagé en Chine ont souvent changé leur perception préconçue du pays après leur voyage. Ils ont découvert une Chine très différente de ce qu’ils avaient lu dans la presse en France. Beaucoup d’entre eux ont même encouragé leurs enfants ou petits-enfants à apprendre le chinois, en leur disant que l’avenir du monde se trouve en Chine.
Il y avait une période de lune de miel entre les deux pays, mais malheureusement, la pandémie de Covid-19 a détruit cette lune de miel et terni l’image positive. Il est plus facile de détruire que de construire, et c’est vraiment dommage et regrettable.
Quels conseils donneriez-vous aux entreprises chinoises désireuses de se développer à l’international ?
Essentiellement, la citation chinoise “入乡随俗” signifie “Quand on est dans un pays étranger, il faut suivre les coutumes locales”, et cela correspond à l’expression occidentale “Si tu vis à Rome, fais comme les Romains”. Il est important de s’adapter au nouveau contexte culturel et juridique, en comprenant les us et coutumes locaux, la mentalité et même le mode de vie français.
Il est également essentiel de savoir utiliser les talents locaux, que ce soit dans la gestion de l’entreprise ou dans le marketing. Tout cela suppose une préparation culturelle et psychologique avant de se lancer.
Il est à noter que de nombreux beaux projets d’investissement chinois ont malheureusement échoué en France en raison d’un manque d’acclimatation ou d’une mauvaise préparation.
Il n’est pas judicieux de simplement transposer mécaniquement les expériences chinoises en France, car les chances de réussite sont minces. Il est préférable de se préparer soigneusement et de prendre en compte les spécificités du marché et de la culture locale.
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