Entretien : Catherine Dumas

Sénatrice et Conseillère de Paris, élue du 17e arrondissement, Catherine DUMAS occupe une place prépondérante dans le domaine des métiers d’art, de l’excellence et du luxe, notamment depuis son rapport rendu au Premier Ministre en février 2009.

À travers chacun de ses mandats, la Sénatrice Catherine DUMAS contribue à défendre la place de Paris, à promouvoir l’image de la France dans le monde et à valoriser son patrimoine.

Elle s’investit, entre autres, en faveur de la Table française, un secteur traditionnel qui rassemble au sein du club éponyme, des chefs, des professionnels des métiers de bouche et des responsables politiques. 

 

Entretien exclusif :

Au service du rayonnement de la France

 

Au Sénat, Catherine DUMAS occupe les fonctions de Membre de la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées. Elle est aussi Présidente du groupe d’études Métiers d’Art, et du groupe d’amitié France-Corée du Sud, Vice-présidente des groupes d’amitié France-Chine, France-Maroc et France-Israël, membre du Comité interministériel du Tourisme et membre du Haut Conseil des Musées de France.

Pour Airs de Paris, un entretien exclusif avec la Sénatrice, Catherine Dumas.

 

Entretien exclusif Catherine Dumas - 2

 

Qui êtes-vous Catherine Dumas parmi toutes ces fonctions ? 

Je suis une femme politique qui s’intéresse plus spécifiquement au rayonnement de la France et à son excellence. Cela signifie que, au-delà de mes responsabilités de législateur, qui discute et vote les lois, je m’implique depuis ma première élection au Sénat, il y a quinze ans, sur les dossiers qui concernent notamment les métiers d’art, la gastronomie, le patrimoine et les savoir-faire français…

Si nos collègues députés sont amenés à réagir sur divers dossiers en fonction de l’actualité, il en va différemment au Sénat où nous sommes appelés à envisager les problématiques sur un temps long. Ainsi, comme beaucoup de mes collègues sénateurs, j’ai été amenée à choisir un secteur d’activité sur lequel j’ai pu, année après année, acquérir une expertise et construire un réseau que je peux mettre à disposition du Sénat, chaque fois qu’il est nécessaire.

Cette compétence est reconnue par mes collègues sénateurs et, en Commission des Affaires étrangères du Sénat, j’interviens donc plutôt sur le rayonnement international de la France ou la diplomatie d’influence.

 

Vous êtes aussi considérée comme une spécialiste du luxe ?

Je suis élue sénatrice de Paris et également élue municipale à Paris. Comme vous le savez, notre pays est reconnu à l’étranger pour sa culture, son patrimoine ancestral, son art de vivre…

La simple évocation de Paris est « magique » pour beaucoup de nos amis étrangers, dans le monde entier. Notre Capitale est considérée par beaucoup comme un haut lieu de la mode et du luxe.

Étant amenée, dans le cadre de mes travaux parlementaires, à parler des sujets liés aux savoir-faire français et aux métiers d’art, je suis inévitablement amenée à considérer les secteurs de la mode, de l’excellence et du luxe.

J’ai d’ailleurs rendu, en 2009, un rapport sur le secteur des métiers d’art et du luxe, à la demande du gouvernement. C’était une mission commandée directement par le Premier Ministre. L’idée était de faire un bilan de situation du secteur puis de formuler des propositions d’amélioration, notamment sur les maîtres d’art, sur les écoles ou sur les formations…

Ce rapport et mon implication, depuis de nombreuses années, auprès des professionnels du secteur, auront je l’espère contribué à faire progresser les mentalités, dans la population en générale et dans le monde politique en particulier.

J’ai d’ailleurs noté, avec une grande satisfaction, que la Première Ministre, Elisabeth Borne, a montré son intérêt pour les métiers d’art, dès son discours de politique générale et elle est suivie activement par la ministre de la culture. C’est tant mieux ! Si les choses se mettent à bouger, la période sera propice aux avancées !

 

Vous percevez donc une évolution dans les esprits ?

Oui, c’est vraiment perceptible. La société française évolue et les politiques accompagnent cette évolution. On revient aux « fondamentaux » et les formations manuelles sont mieux valorisées. 

Les savoir-faire sont l’essence même du luxe. Quand j’ai commencé à travailler sur ces sujets, les grandes marques ne mettaient pas assez en valeur leurs artisans. « L’intelligence de la main » n’était pas prise en compte à sa juste valeur.

Les grandes marques l’ont depuis compris, car il y a une véritable quête de sens dans leur clientèle. La demande est forte, ces marques se sont donc adaptées très vite. Elles savent que se tient là, le fondement même de leur histoire, celle qui sera racontée… 

Il y a vraiment, aujourd’hui, une prise en compte des artisans d’art et du travail manuel qui est assez extraordinaire. On s’est rendu compte qu’à travers l’artisan d’art, il y avait quelqu’un qui avait à la fois, le génie de l’artiste et les mains de l’artisan…

De nos jours, les relations entre donneurs d’ordres et artisans d’art s’en sont trouvées changées. Certaines maisons de haute couture leurs consacrent même, désormais, un défilé spécifique, chaque année !

 

Vous vous intéressez également beaucoup à la Chine…

Oui, je suis très impliquée sur les travaux avec la Chine, étant Vice-présidente du groupe d’amitié France-Chine. Je travaille donc régulièrement avec mes homologues Chinois, depuis longtemps. Concernant l’Asie, je préside également le groupe France-Corée.

 

Qu’est-ce qu’un groupe d’amitié ?

Le Parlement est indépendant de l’exécutif, c’est ce qu’on appelle « la séparation des pouvoirs ». Au Sénat, un groupe d’amitié permet donc d’installer une forme de « diplomatie parlementaire » autonome.

Le principe de fonctionnement de ces groupes est le suivant : les sénateurs rejoignent les groupes d’amitié auxquels ils souhaitent collaborer et travaillent ensemble, tous partis politiques confondus, en relation avec les parlementaires des pays amis. 

Ainsi, les parlementaires des deux pays se rencontrent et échangent sur des dossiers communs, sur des atouts, des synergies, à développer possiblement dans le futur. Cela permet aux responsables politiques des deux pays de se connaitre davantage d’améliorer les relations bilatérales entre nos deux pays.

Ces échanges se font généralement sur des dossiers économiques, culturels, diplomatiques… C’est aussi ça la politique !

 

Quel regard portez-vous sur la Chine ?

J’aime beaucoup la Chine. Les déplacements que j’ai pu effectuer, parfois au plus haut niveau, me permettent désormais de mieux comprendre la Chine et les Chinois, y compris dans les difficultés que l’on peut rencontrer dans le cadre des affaires mondiales…

J’ai une vraie appétence pour la Chine. C’est un pays assez merveilleux. Ce qui ne m’empêche pas d’exprimer aux autorités chinoises mes désaccords sur certains points.

La culture chinoise m’impressionne, elle est extraordinaire ! J’aime notamment l’agilité intellectuelle et la capacité d’adaptation des Chinois. À mes yeux, la Chine est bien plus accessible qu’on ne le dit, il suffit de faire un effort. Les Français pensent que les Chinois sont difficiles à comprendre… Ce n’est pas vrai, il suffit juste parfois de se mettre à la place des Chinois pour mieux les comprendre !

Il va de soit qu’il y a des problématiques politiques importantes mais ce pays ne fonctionne pas comme le nôtre. Leur système est très différent. 

Je ne suis pas allée en Chine depuis trois ans en raison des restrictions sanitaires liées au Covid. Mais, la dernière fois que je m’y suis rendue, j’ai visité une petite ville « modèle » qui montrait toute la capacité chinoise à se mettre aux normes environnementales récentes, et j’en étais très admirative. La Chine a conscience de l’enjeu écologique et fait de gros efforts. Avec ce peuple, je me sens à l’aise. J’observe son évolution depuis quinze ans, notamment dans ce secteur de l’environnement.

 

Vous êtes allée en Chine très souvent ?

Je m’y suis rendue une dizaine de fois. Y compris à titre personnel, avec mon époux, auquel j’avais envie de montrer mes découvertes lors des voyages officiels. J’ai visité pas mal d’endroits. La géographie de la Chine est si variée, si intéressante !

 

Étant vice-présidente du groupe d’amitié entre la France et la Chine, comment travaillez vous avec les Chinois ?

Nous sommes une dizaine de sénateurs lorsque nous nous y rendons et ce n’est pas pour y faire du tourisme ! Nous travaillons avec nos homologues chinois. (Ce n’est pas tout à fait des homologues parce que l’organisation politique n’est pas la même, avec une organisation chinoise très pyramidale). On y rencontre généralement des personnes aux fonctions très importantes. Ce sont souvent de hauts dignitaires chinois. 

L’objectif, est de faire évoluer les relations entre nos pays et nous fixons préalablement les thèmes à aborder. Les responsables chinois viennent ensuite en France. Ces échanges et la compréhension réciproque qu’on accumule ainsi permettent d’aborder des questions parfois complexes, y compris celles que la Chine n’a pas forcément envie d’évoquer. 

Mais la plupart du temps nos échanges sont plutôt paisibles. Heureusement ! Par exemple, les Chinois sont très intéressés par le patrimoine de l’Unesco, notamment le patrimoine immatériel. Un dossier que je suis, depuis plusieurs années, pour le Sénat. Je viens d’ailleurs de rendre un rapport, un guide pratique pour le classement UNESCO…

La Chine au niveau patrimoine immatériel a beaucoup de richesses inscrites à l’Unesco. Il y a des richesses merveilleuses et c’est un plaisir pour moi d’échanger sur ce point avec eux. On partage alors sur les aspects culturels, la formation, le tourisme, sans oublier la gastronomie et les métiers d’art… évidemment.

 

Vous me permettrez une question plus personnelle pour conclure notre rendez-vous. Est-ce difficile d’être une femme politique en France ?

Chaque métier est difficile. Être une femme, c’est une particularité dans la vie politique. C’est vrai que je fais de la politique depuis longtemps. Il y a eu une incroyable évolution.

C’est plus facile aujourd’hui qu’à une certaine époque. Il y a déjà un accès au mandat qui est facilité par la législation française. Une législation qui a beaucoup évolué depuis vingt ans. Ainsi, la loi électorale impose désormais l’alternance « homme-femme », qui évite que les hommes n’accaparent toutes les places éligibles, en tête de liste.

Les femmes ont toujours une singularité dans le monde politique, elles apportent, sur beaucoup de sujets, une vision différente. C’est une complémentarité utile, une nécessité grandissante !

 

Version chinoise:

https://mp.weixin.qq.com/s/pL-c4AyaI_EWqLtbuEkMDQ

 

 

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