Paul de La Panouse, un créateur infatigable, est a ouvert en 1968 le Parc Animalier de Thoiry.
Il a choisi de l’installer sur le domaine familial jouxtant le château, d’architecture Renaissance, dans lequel lui et sa famille résidaient.
Un créateur infatigable
Engageant une partie de ses fonds propres et bravant l’opinion scientifique générale, il a construit le parc zoologique en le présentant sous une forme révolutionnaire et en proposant une visite insolite.
Ainsi, les visiteurs sont enfermés dans leur « cage » (leur voiture) pour déambuler sur le territoire des animaux qui eux, gambadent en toute liberté. Il a inventé la première visite Safari en France. Il a intégré la dimension Loisirs au fur et à mesure en proposant aux visiteurs des animations soigneurs et des visites guidées du parc. Ces dernières années, le parc s’est doté de nouvelles attractions divertissantes, mais toujours en lien avec les animaux.
Le ZooSafari de Thoiry, qui se place 3ème parc de loisirs le plus visité en Île-de-France, n’a de cesse d’investir dans de nouveaux concepts et événements.
Exclusivement pour Airs de Paris, le Comte de La Panouse amène Charles, notre envoyé spécial, dans une visite exceptionnelle
pour lui faire partager sa passion…
Pourquoi avez-vous créé un parc animalier sur le domaine historique de Thoiry ?
En 1965, j’avais 21 ans et je savais que l’entretien du château, site classé et Monument Historique, coûtait de plus en plus cher e que les revenus des fermes et des forêts familiales rapportaient de moins en moins. J’ai demandé à mes parents l’autorisation d’ouvrir le château de Thoiry au public pour lui donner une fonction sociale grâce à l’activité culturelle ainsi que les revenus touristiques des billets d’entrée.
Pour faire venir plus de visiteurs, il fallait attirer les enfants. Un parc d’attraction aurait dégradé les jardins historiques. Les animaux sont en harmonie avec les arbres et ils ne se démoderaient jamais étant un bien écologique vivant et rare. J’ai ouvert en 1967 un parc zoologique traditionnel.
Pourquoi aviez-vous eu envie de créer ce parc animalier où les visiteurs seraient immergés au milieu des animaux sauvages ?
Je regrettais d’avoir enfermé les animaux dans les cages et les fosses du nouveau zoo dont je devais cacher la laideur par des plantations alors que je disposais d’un domaine de 380 hectares, 3,8 millions de mètres carrés. Mes parents ont eu l’affectueuse générosité de vendre une partie de leur patrimoine pour financer le projet d’un fils de 23 ans.
En créant en 1968 la Réserve Africaine, j’ai mis les visiteurs dans une cage roulante, leur voiture, et j’ai inventé des techniques d’élevage pour faire vivre les espèces d’animaux sauvages ensemble et en liberté sur de vastes territoires traversés par 6 kilomètres de route. Les espèces en voie de disparition s’y reproduisaient avec succès.
Les animaux sauvages ont sauvé le vaisseau à voyager dans le temps, Château de Thoiry, mais celui-ci, en prenant à bord et en reproduisant des espèces en voie de disparition, est devenu le navire amiral de plusieurs parcs animaliers, arches de Noé contemporaines, qui participent à la protection de la biodiversité de la planète.
25 millions de visiteurs, à Thoiry, et 30 autres millions de visiteurs dans les parcs que j’ai créés, sont montés à bord et ont re le Safari Parc de Peaugres, Ardèche, la Réserve Africaine de Sigean, dans l’Aude, le Château du Colombier, Aveyron, et le parc national de Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire. Le Groupe Thoiry gère le Parc Zoologique de Santo Ignacio à Porto, Portugal, et mon fils Edmond aide le docteur vétérinaire Patrice Longour a développé la Réserve Biologique des Monts d’Azur, Alpes-Maritimes, qui reconstitue la flore et la faune d’une forêt primaire européenne.
Ma fille Colomba a créé un fond de dotation qui aide les animaux en voie de disparition dans leur milieu naturel. Elle a également créé des entreprises écologiques, une usine de méthanisation, une ferme bio, un potager pour des fleurs destinées à un réseau local de fleuristes, etc.
Dans son jardin au Portugal, Annabelle, mon épouse élève 1.700 espèces végétales, dont 57 espèces de citrus, citrons caviar, oranges, mains de Bouddha, et autres et 400 espèces de rosiers.
Comment avez-vous pu trouver tous les animaux ?
Il y a 55 ans, j’ai acheté les animaux dans les zoos européens et dans leurs pays d’origine. Depuis l’Association Française des Parcs Zoologiques, créée en 1967 et dont je suis le seul fondateur survivant, interdit d’acheter ou de vendre les animaux. Les parcs, membres de l’EAZA, l’Association Européenne des Zoos et Aquariums, respectent les directives des 380 programmes d’élevage, EEP.
Ceux-ci gèrent la génétique de la population européenne des espèces animales rares en voie de disparition. Donc, le coordinateur de chaque espèce concernée ordonne la composition et la répartition des couples reproducteurs. Chaque parc assume le coût des échanges et gratuits des animaux qui lui sont recommandés.
L’EAZA organise également un contrôle régulier de la qualité des installations. Les progrès apportés par un membre dans les techniques l’élevage et de présentation des animaux sont imposés aux autres membres. Les Zoos, qui ne suivent pas les recommandations, sont exclus. La sanction est que tout parc qui leur fournirait des animaux sera exclu.
Comment les animaux vivent dans ce Parc ?
De grands territoires naturels et la cohabitation avec d’autres espèces favorisent l’expression des comportements instinctifs et sociaux par ailleurs encouragés par des aménagements et des animations adaptées. Ainsi, les ours cohabitent avec les bisons, les loups arctiques et la faune sauvage d’Île-de-France. Ils nagent dans les points d’eau, grimpent aux arbres et creusent leurs terriers. Les soigneurs cachent du miel dans les souches ou lance des sorbets aux maquereaux dans les points d’eau dans les périodes de canicules. Les herbivores vivent la vie sociale des troupeaux.
Les humains, qui traversent les territoires en voitures, sont encadrés par le parcours et sont dissimulés dans leurs voitures. Les tunnels de verres sont à demi enterré. Les passerelles et les filets entre les arbres sont hors territoire.
Quel est le plus grand projet de Thoiry ?
Chaque éclosion de fleur, chaque naissance d’un bébé animal est admirable car parfaite. La qualité des mises en scène des jardins et des territoires animaliers paysagés aide les visiteurs à le percevoir. Cueillir la joie d’un enfant s’émerveillant de la découverte du contact de la nature avec ses cinq sens et avec les yeux du cœur, est plus qu’une récompense, c’est un moment de bonheur partagé.
Le projet fondamental, c’est comment améliorer les animations de notre théâtre de la nature pour valoriser les grands objectifs de la vie, de faire progresser nos capacités d’apprendre, d’acquérir plus de conscience d’être, d’animer la beauté des œuvres artistiques en faisant vibrer les harmonies fondamentales, et personnaliser les relations affectives.
On valorise ainsi les sites naturels et culturels où il est plus facile de transformer les moments de bonheur d’une promenade familiale ou amoureuse en moments d’éternité.
Quels sont les prochains projets ?
Pour répondre aux aspirations de leur génération, Edmond, Colomba et leurs collaborateurs imaginent et réalisent des projets d’activités écologiques et économiques complémentaires à celles de l’élevage et de la présentation des animaux sauvages.
Une unité de méthanisation alimente le domaine et neuf villages en gaz bio, et une ferme bio produira des fruits rares et des fleurs. Ils développent les activités culturelles du Château et des jardins, monuments historiques, de Thoiry en Yvelines et de son Orangerie.
Dans la Réserve Biologique des Monts d’Azur, Edmond aide et ami le docteur vétérinaire Patrice Longour reconstituent la flore et la faune d’une forêt primaire dans les Alpes Maritimes. Nous poursuivons la restauration du château fort ancestral du Colombier et de son jardin médiéval dans l’Aveyron.
Après mon livre intitulé, « Thoiry, l’aventure sauvage » et celui de mon épouse Annabelle, intitulé « Jardins d’Histoire et Jardin sans Histoire », j’écris un livre sur les fonctions astronomiques des monuments orientés, tumulus, temples, cathédrales et le château de Thoiry.
La géométrie sacrée et la symbolique des nombres donnent à l’architecture des monuments proportionnés et orientés, la fonction d’encadrer les moments privilégiés de la course du soleil dans le ciel aux solstices d’été et d’hiver et aux équinoxes du printemps et de l’automne et d’être en harmonie avec les fréquences musicales, le nombre d’oret autres proportions fondamentales de la nature.
Auriez-vous pu imaginer le succès de Thoiry ?
Tout succès est transitoire. Dès qu’un objectif est atteint la vie nous demande d’en entreprendre de plus innovants. La réussite, c’est que les joies créatrices éprouvées et les liens affectifs vécus seront personnalisés dans une dimension de l’être et d’éternité que l’on ne peut comprendre sur cette terre.
Quelle est votre plus grande fierté ?
D’avoir l’estime de ceux que j’admire et que j’aime.
Quelle est votre motivation pour continuer à Travailler ?
L’honneur de vivre.
Êtes-vous fier des œuvres que vous avez créées ?
Dans mes métiers, c’est une évidence que l’on ne crée pas grand-chose. Je suis émerveillé par la beauté et par la complexité époustouflante des plantes et des animaux, dont je mets la vie en scène.
Le sentiment qui emporte tout, c’est la louange de celui qui est à l’intime de tout ce qui est beau et bon. Le poète Victor Hugo a écrit : « Derrière tout être se cache Dieu, aimer quelqu’un, c’est le rendre transparent »
Interview : Charles
Version Chinoise :
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