Entre émotion et innovation
Présidente du groupe d’hôtels de luxe intitulé B Signature Hotels & Resorts, dont cinq d’entre eux à Paris, Anne Jousse est à l’image de ses hôtels, une femme d’affaires chic et moderne.
En 15 ans, cette élégante jeune femme s’est imposée dans le milieu de l’hôtellerie en donnant à ses hôtels un style moderne faisant une large place à l’art contemporain tout en créant un véritable art de vivre à la Française. Coup de projecteur sur cette formidable réussite.
En 15 ans, le groupe a ouvert 7 établissements dont 5 à Paris. Comment expliquez-vous cette évolution et quelles sont les raisons qui vous ont poussé à investir dans l’hôtellerie ?
Nous sommes un groupe familial et nous avions envie d’évoluer en diversifiant notre activité. Comme nous possédions déjà l’hôtel de la Bretesche, près de Nantes, nous avons pensé logiquement à l’hôtellerie, mais avec une exigence : se concentrer sur Paris. Nous y voyions trois raisons fondamentales : la présence d’une clientèle internationale, l’absence de saisonnalité (nous avions vu les limites de cette situation à la Bretesche, par exemple) et la mixité des clientèles (loisirs, affaires, domestique, internationale… ).
Pour vos investissements à Paris, aviez-vous des quartiers de prédilection ?
Trois quartiers nous semblaient prioritaires pour les raisons que je viens d’indiquer : Saint-Germain des Prés, Opéra et les Champs Élysées. Fin 2003 nous avons donc acheté notre premier hôtel à Saint-Germain. Il s’agissait du Bel-Ami, puis ce fut l’Edouard 7 et ainsi de suite tous les 2 ou 3 ans pour atteindre aujourd’hui le nombre de 5 hôtels à ce jour dans Paris. Dans la foulée, nous avons par ailleurs fait d’importants travaux de rénovation de façon à augmenter la qualité de l’hébergement.
Les hôtels que vous avez ouverts et transformés sont très différents les uns des autres. Quelles sont les caractéristiques de chacun. Peut-on dire qu’il existe un concept B Signature ?
Non, il n’y a pas de concept global. Nous avons cherché surtout à nous intégrer dans un environnement existant, à prendre en compte la spécificité de chaque quartier. Nous avons travaillé la décoration dans ce sens, même lorsque nous étions dans des bâtiments historiques. C’est ainsi qu’au Bel-Ami, dans ce quartier de Saint-Germain très fréquenté par une clientèle branchée, nous avons choisi de faire un hôtel design et contemporain. A l’hôtel Edouard 7, avenue de l’Opéra, nous avons intégré le fait qu’il s’agissait d’un bâtiment haussmannien pour proposer une décoration cohérente mais moderne. A l’hôtel de Sens, qui avait déjà été entièrement rénové quand nous l’avons racheté, nous avons gardé l’intégralité du décor en ne faisant que quelques légers aménagements. Quant à l’hôtel Vernet, nous lui avons redonné son cachet d’antan, en lui permettant de retrouver cet esprit hôtel particulier qui plaisait beaucoup aux collectionneurs d’art. François Champsaur, notre architecte décorateur a recréé une atmosphère où le monde de l’art pictural côtoie le monde du design avec des créations très originales. Enfin, au Montalembert, nous avons pensé qu’il fallait garder l’esprit du décor initial créé par Christian Liègre, célèbre designer contemporain. Nous l’avons juste rafraîchi, et adapté avec un soupçon de modernité.
Malgré leurs différences, ces hôtels ont bien un dénominateur commun ?
La marque B Signature Hotels & Resorts est commune à tous. Nous avons repris le nom familial pour bien montrer que nous sommes un groupe patrimonial. Ce qui est essentiel pour nous, c’est que tous nos hôtels expriment un certain art de vivre à la française dans un format très contemporain. Pour chacune de nos rénovations, nous avons fait appel à un designer de renom afin de rester dans cette modernité. Il n’y a que deux hôtels qui ont le même designer, le Manapany et l’hôtel Vernet refait par François Champsaur. A chaque fois, j’ai dressé personnellement un cahier des charges. J’ai donné comme consigne la création d’un décor unique, respectueux de son environnement et de son histoire, où l’on retrouverait à la fois les codes du luxe et de la modernité et pour la mise en œuvre, j’ai choisi de faire appel à des professionnels du design. A l’hôtel Vernet, qui traditionnellement était le rendez-vous des experts de l’art contemporain, j’ai demandé à Jean Michel Alberola, un artiste dont les toiles sont actuellement visibles au Musée d’Art moderne de Paris, de réaliser le plafond du salon.
Depuis que vous êtes aux manettes du groupe, pensez-vous que les boutiques-hôtels sont l’avenir de l’hôtellerie ?
Je pense que oui ! Nous apportons à nos hôtels une personnalisation et un accueil que l’on ne trouve pas dans les hôtels des chaînes aux chambres identiques ou «standardisées». Je pense néanmoins que ces hôtels sont utiles pour des étrangers qui voyagent pour la première fois vers une destination inconnue, cela leur procure un sentiment de sécurité grâce à la marque. Les hôtels de notre groupe, en revanche conviennent plutôt aux clients : des « reperateurs » qui sont à leur deuxième, voire leur troisième visite. Ces gens-là connaissent déjà Paris, et recherchent une « expérience ». C’est ce que nous leur donnons.
Vous présidez aux destinées du groupe. D’après vous est-ce un avantage ou un inconvénient d’être une femme dans un monde d’hommes ?
Le monde hôtelier se féminise beaucoup ! Les femmes directrices d’hôtels de luxe, voire des palaces sont de plus en plus nombreuses. Quant à moi, je n’ai pas ce problème, car mon groupe est sans doute le plus féminin de tous, avec la présence de 5 directeurs femmes sur 7. Nous avons plus que respecté la parité !