Depuis seize générations, le château de Thoiry et son parc appartiennent à la famille des comtes de La Panouse. Voici cinquante ans que Paul de La Panouse transformait le parc du château de Thoiry en parc animalier. Son idée est novatrice : il crée un zoo où les animaux seraient en liberté et les visiteurs en cage ! Son histoire est hors du commun. Il la raconte dans un livre : Thoiry, une aventure sauvage.
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Il s’agit d’un témoignage : nous sommes solidaires des arbres et des animaux, ils sont nos frères de sève et de sang, issus d’une même histoire de la vie. Ma famille, celle des comtes de La Panouse, est animatrice de deux châteaux historiques, 29 générations familiales au Colombier en Aveyron, et 16 générations à Thoiry, dans les Yvelines.
En 1968, pour la première fois hors d’un milieu naturel, en créant la Réserve Africaine de Thoiry, j’ai fait vivre en liberté sur le même territoire, vingt espèces d’animaux sauvages et exotiques. Le domaine invite les espèces les plus rares et elles cohabitent avec intelligence. Mon domaine est devenu une arche de Noé. Ce sont les animaux sauvages qui ont sauvé le château. Les espèces en voie de disparition se sont reproduites, elles préservent ainsi la biodiversité de la planète.
Annabelle, mon épouse, a planté 35.000 arbres et arbustes, restauré les jardins historiques de Thoiry et du Colombier et créé des jardins contemporains, notamment celui de sa « Quinta dos Mill Flores » à Pedrogao Grande au Portugal. Un livre d’art, « Jardins d’Histoire et sans histoire de la comtesse de La Panouse » raconte son œuvre et sa vie.
En 50 ans, Thoiry a accueilli 23 millions visiteurs. J’ai créé d’autres arches de Noé, en 1974, le Safari Parc de Peaugres (Ardèche) et la Réserve Africaine de Sigean (Aude). Puis suivirent le Parc National de Yamoussoukro (Côte d’Ivoire) et le bestiaire médiéval du Château du Colombier (Aveyron). Nous gérons aussi le zoo de Santo Inàçio, (Porto Portugal) et la Réserve biologique des Monts d’Azur (Alpes-Maritimes). 54 millions de visiteurs ont partagé dans nos parcs un moment de leur vie avec celle de nos animaux sauvages.
Nos enfants, Colomba et Edmond, adaptent ces rêves écologiques aux aspirations de leur génération. À Thoiry, l’Orangerie (504 m²), construite par Edmond reçoit réceptions et séminaires près du château dans le Jardin d’Automne. Colomba a créé à titre personnel une unité de méthanisation qui fournit en biogaz le zoo, le château et neuf villages. Elle construit une ferme bio. Je suis le conseiller des projets en Asie et en Afrique. Colomba a créé le premier fond de dotation en France, ‘‘Thoiry Conservation’’ pour financer des projets de conservation en milieu naturel.
La famille s’adonne à une vocation culturelle, sociale et économique. Ses racines sont historiques, ouvertes sur le monde. La qualité du spectacle de la vie des animaux en liberté dans de vastes espaces paysagers assure un immense succès. Elle aide les promeneurs à s’émerveiller et à transformer les moments de bonheur d’une promenade en instants d’éternité.
Pour vous, comment l’humain vit-il aujourd’hui en harmonie avec la nature ?
L’évolution aide chaque espèce animale à s’adapter à un territoire idéal où elle peut exprimer les comportements nécessaires à sa vie. Quand celle-ci ne peut plus s’adapter aux changements de son environnement, elle disparait. Nous, les humains nous sommes la seule espèce qui a l’univers pour territoire, qui rêve d’éternité et qui a le pouvoir de changer l’environnement.
Notre immense espace glacé a surgi d’un point minuscule qui contenait l’énergie de milliards de galaxies. A chaque seconde, il grandit à une vitesse hallucinante vers une fin inconnue. Notre corps est composé de 4.000 milliards de cellules d’une grande diversité organique, plus encore de bactéries fonctionnelles et autonomes, trop complexes pour être reconstituées.
À Thoiry, chaque style de jardins, Renaissance, classique à la française, romantique puis écologique, correspond à la vision idéale de la nature à l’époque où ils furent créés. Les sciences de la biodiversité, végétale et animale, offriront aux populations locales la permaculture sans labours et sans engrais chimiques et l’élevage en milieu forestier. Nous avons les moyens scientifiques de créer un paradis terrestre ou d’anéantir la vie sur terre.
Que peut-on faire pour protéger notre belle planète ?
Apprendre à l’admirer, consommer mieux, exiger des pouvoirs politiques des choix à long terme et enseigner aux enfants la belle complexité de la biodiversité.
Pourriez-vous nous raconter l’histoire de votre amitié avec la Chine ?
En 1971, Xuan Thuy et la délégation Viêt-Cong négociaient à Paris la paix au Vietnam. Je les avais invités et reçus à Thoiry avec leurs conseillers chinois. J’ai reçu pendant des années les ambassades de Chine en France et auprès de l’UNESCO, plusieurs délégations, dont le ministre des affaires étrangères : Huang Hua. Nous avons aidé l’ambassade de Chine à organiser en France des manifestations culturelles, Opéra et Cirque de Beijing, et autres manifestations.
La présentation de cerfs-volants chinois lors du bicentenaire du premier vol en montgolfière fut très médiatisée. En 1982, pour nous remercier, l’ambassade nous invita, mon épouse et moi, pour donner des conférences en Chine et visiter les jardins. Nous avons offert au Zoo de Beijing deux ligrons, hybrides de lions et de tigresses, qui eurent un grand succès.
Pourquoi, une exposition sur la mode chinoise au château ?
Plus les civilisations partageront leur art de vivre, nature et culture, plus les hommes seront sensibles à la protection d’une planète devenue un habitat commun. L’art est propre à l’espèce humaine : La beauté est la manifestation la plus élaborée de la biodiversité.
Le pelage des animaux est fonctionnel. Les vêtements sont la peau des hommes de l’enfance à leur mort. Ils valorisent le charme féminin et masculin. La mode est l’expression de l’évolution d’un art de vivre. En 1740, la châtelaine de Thoiry avait importé de Chine des porcelaines et un très beau papier peint, qui est classé monument historique.
Proposition de lecture : https://www.airsdeparis.fr/bien-etre/the-seacleaners-pionnier-et-ecologie/