Considérée comme l’une des plus grandes artistes contemporaines australiennes de ces deux dernières décennies, Sally Gabori explore les multiples ressources de l’expression picturale, à travers de combinaisons de couleurs, jeu de formes, superposition de surfaces, variation de formats : pendant les neuf années de son activité artistique.
Du 3 juillet au 6 novembre 2022, la Fondation Cartier pour l’art contemporain présente la première exposition personnelle de l’artiste aborigène Sally Gabori hors d’Australie.
Sally Gabori
Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori, de son nom complet, est née, vers 1924, appartenait au peuple kaiadiltet et selon la tradition kaiadilt veut que chacun soit nommé en fonction de son lieu de naissance et de son ancêtre totémique.
Son nom, Mirdidingkingathi Juwarnda, indique ainsi son lieu de naissance, Mirdidingkingathi, une crique à proximité de l’île australienne Bentinck, dans le golfe de Carpentarie, tandis que « Juwarnda » de son ancêtre totémique désigne son totem de conception, le dauphin.
Sally Gabori commence à peindre en 2005, vers l’âge de 80 ans, et atteint rapidement une renommée artistique nationale et internationale. En quelques années d’une rare intensité créatrice, jusqu’à sa disparition en 2015, elle élabore une œuvre unique aux couleurs vibrantes sans attache apparente avec d’autres courants esthétiques, notamment au sein de la peinture aborigène contemporaine.
Ses œuvres, en apparence abstraites, sont autant des références topographiques que des récits ayant une signification profonde pour elle, sa famille et son peuple. Elles célèbrent à la fois différents lieux de son île natale, que Sally Gabori n’a pas revue depuis tant d’années, et les personnes de sa famille qui y sont liées par leurs noms. Les lieux qu’elle peint sont aussi associés aux luttes politiques pour la reconnaissance des droits des Kaiadilt sur leurs terres.
Non héritées d’une tradition iconographique kaiadilt, les peintures de Sally Gabori sont avant tout le témoignage d’un imaginaire à l’horizon illimité, d’une impressionnante liberté formelle, nourrie par les variations infinies de lumière sur le paysage que suscite le climat violemment contrasté du golfe de Carpentarie.
À ses débuts, Sally Gabori travaille sur des toiles de petits formats, qu’elle exécute avec un pinceau fin et des couleurs non diluées. À partir de 2007, elle change d’échelle pour réaliser des toiles monumentales de 6 mètres de long, conservant toute la vigueur de son geste et de son audace dans l’emploi de la couleur.
La Fondation Cartier présente dans cette exposition une trentaine de toiles de Sally Gabori, dont les spectaculaires grands formats qui ont jalonné sa production artistique, ainsi que trois œuvres collaboratives réalisées avec d’autres artistes kaiadilt, notamment ses filles.
Informations complémentaire : https://www.sallygabori-fondationcartier.com
Proposition de lecture : https://www.airsdeparis.fr/balade/la-nature-nous-revitalise/