Lors de la dernière édition de Première Vision, en septembre, Airs de Paris a invité Siena Herrera, experte du textile, à une visite exclusive de deux stands emblématiques de l’innovation chinoise : la Fédération de la Fibre de Bambou et la société Saintyear.

Cette immersion au cœur des nouvelles tendances a permis à la spécialiste de livrer une analyse fine sur l’évolution qualitative des productions chinoises et leur position dans le paysage textile international.

Le bambou,

entre écologie et innovation

L’analyse de Siena Herrera a souligné l’importance d’associations textiles judicieuses pour révéler tout le potentiel du bambou, tout en maintenant une approche respectueuse de l’environnement.

Comment percevez-vous le tissu de bambou aujourd’hui ?

Le bambou incarne une réflexion passionnante dans l’univers des fibres. Matière naturelle, parfois recyclée, il s’inscrit pleinement dans une démarche écologique. Ses qualités techniques et environnementales en font un choix particulièrement pertinent. Je trouve les mélanges avec des fibres naturelles bien plus intéressants que les associations classiques avec le polyester. »

Quelles compositions vous semblent les plus prometteuses ?

Dans le domaine de la maille, les développements sont particulièrement aboutis. Les mélanges bambou-Tencel ou bambou-coton conservent l’authenticité de la matière tout en valorisant ses qualités intrinsèques. En revanche, les compositions avec le polyester, ne mettent pas suffisamment en valeur les propriétés naturelles du bambou.

 Quelles associations innovantes retiennent particulièrement votre attention ?

Le mélange bambou-soie me paraît extrêmement prometteur par ses applications potentielles. Cette association, encore peu répandue sur le marché, combine intelligemment des fibres naturelles végétales et animales, chacune apportant ses propriétés spécifiques. Les bases de jersey bambou-spandex ouvrent également de belles perspectives. Dans l’univers du sport, le bambou déploie tout son potentiel grâce à ses bienfaits pour la peau et son confort d’usage.

Quelles autres combinaisons mériteraient d’être explorées ?

L’alliance du bambou et du lin crée un équilibre remarquable entre la fluidité du bambou et la texture plus sèche du lin. Les constructions en double matière s’avèrent particulièrement réussies. Plus globalement, les associations avec des fibres naturelles comme la rayonne, le coton ou la laine apportent richesse sensorielle et confort accru. Le bambou se distingue tout comme le Tencel, et le modal par sa douceur et ses propriétés naturelles de bien être L’avenir du bambou dans le textile réside indéniablement dans le développement de mélanges avec des fibres naturelles.

Saintyear :

entre maîtrise technique et recherche d’identité

La société chinoise Saintyear a sollicité le regard expert de Siena Herrera, dont l’analyse met en lumière à la fois les atouts de la collection et les défis que l’industrie textile chinoise doit relever aujourd’hui.

Quelle est votre impression sur la collection présentée par Saintyear ?

C’est une collection intéressante quant aux compositions, aux développements créatifs. Ils ont un vrais savoir-faire technique qui leur permettent des développements poussés dans les finissages et les développements de collection. Il s’agit d’une collection dotée d’une identité affirmée, inspirée par une influence italienne.

Comment évaluez-vous les innovations présentées ?

S.H. : « Si le développement se veut innovant. La production manque notamment de matières naturelles dans ses compositions, ce qui pourrait limiter son attractivité auprès d’une clientèle en quête d’authenticité et de durabilité. Malgré ses qualités évidentes, la collection gagnerait à mieux définir son positionnement innovant pour affirmer sa singularité et répondre aux attentes actuelles du marché.